Rencontre nocturne...

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Valéry et Uku firent quelques mètres dans la nuit noir. L'homme ne prononça pas un mot. Il se sentait confus et honteux. Et surtout dénué de courage. C'est lui qui aurait dû frapper ce type au visage, pour protéger son amie. Mais il en avait été incapable. Il se sentait faible.

Ukugan s'arrêta un moment.

<<Oh fait pour tout à l'heure...>>

Elle le regarda bien en face et le gifla mais moins fort que l'alcoolique juste avant.

<<C'est pour le ''ma chéri''. Je t'avais prévenu.>>

(allez, mon perso passe déjà pour une victime xD)

Valéry ne sourcilla pas. Ce n'était pas la première gifle qu'il recevait d'Uku. ''J'essayais de t'aider'', grommela-t-il.

Ils reprirent leur route. Les ruelles s'enchaînaient, sombres, inquiétantes... Mais ce n'était pas assez pour effrayer des marginaux.
''-La prochaine jolie fille qu'on croise, je la plaque contre une façade et la mord'', prévint le vampire, affamé et frustré.

ça, au moins, c'était quelque chose qu'il savait faire. Planter ses crocs dans un cou blanc et chaud, et retirer juste ce qu'il fallait de sang pour garder sa victime consciente, et être rassasié. Si elles se débattaient au début, ses proies éveillées se laissaient vite faire. Qui a dit que le baiser d'un vampire était douloureux ?

''-J'ai faim.'' dit-il avec énervement.

C'était une mauvaise nuit. Une nuit sans fin, qui ne laisserait certainement pas la place au sommeil.

Ukugan souffla. Valery frustré : vraiment tout une affaire.

<<Tu ne veux pas faire ça avec des animaux ? Les pauvres humains, ils n'ont rien demandé. En plus c'est toi le plus humaniste de nous deux. Ça m'étonne que tu jettes aussi facilement tes victimes...>>

Elle prit ce chapeau qui l'embêtait depuis longtemps et le balança dans une ruelle.

<<Dieu qu'il est vraiment moche...>>

''-Mais je le fais avec des animaux ! Mais avec les humains, c'est pas pareil. Et je te jure que certaines se jetteraient dans mes bras pour se faire mordre...''

Il observa son amie, au moins aussi caractérielle que lui, jeter rageusement le chapeau.

''Il s'accordait pourtant bien à tes bas'', dit-il en riant.

Tous les deux poursuivirent leur errance, dans l'attente de croiser un dîner à la hauteur des espérances du vampire.

Ukugan sourit de ses lèvres rouges.

<<Et toi tu vaux mieux que les hommes du bar?>>

Elle éclata d'un rire puissant puis le phénix imagina son ami avec des jeunes femmes.

<<Et toutes tes conquêtes, tu les mords ? Je les voie tellement se jeter dans tes bras: toutes pareils ce genre d'humaine. Quand elles découvrent les marginaux elles ont deux réactions. Soit la peur, soit elles deviennent une sorte de fanatique qui veulent savoir tout de notre vie. Ou alors elles nous dénoncent.>

''-Bien-sûr que je les mord... Ma chère Uku, disons que... je sais me faire adorer... et désirer.''

Valéry marchait, la tête haute, son odorat sur développé guettant la fragance d'une jeune proie potentielle.

Ukugan soupira.

<<Ce n'est pas la modestie qui t'étouffes en tout cas.>>

Soudain le phénix trébucha. Son talon venait de tomber dans une fissure des dalles. Elle émit quelques injures à voix basse en essayant de sortir son pied de l'étreinte du sol, sans succès. Finalement la rousse enleva ses chaussures et les tint à pendant qu'elle marchait maintenant pied nu, juste protégé par ses bas noirs.

Célestine marchait dans la rue. Elle espérait que la clarté de la lune l'aiderai à ne plus penser a son père, c'est pour ca qu'elle avait quitté le Grand Broca Hôtel il y a déjà plus d'une heure. Elle ne rentrerait que bien plus tard, quand elle serait assez fatigué pour s’endormir. Quel idée de fêter le nouvel an ! Il était évident que… Elle secoua la tête. Non, ne pas y penser. Elle ne devait pas y penser. Elle marchait perdu dans ses pensées, en regardant le ciel. C’est pour cela qu’elle ne vit pas l’homme au chapeau de feutre et la rousse qui tenait ses chaussures à la main.

(je propose qu'Uku les espionne de l'angle de la ruelle xD)

Valéry cessa subitement sa marche, levant la tête vers le ciel. Un parfum délicat venait d'emplir ses narines à la sensibilité sur développée. Une senteur féminine mais légère. Associée à celle, plus capiteuse, du sang. Et le vampire avait faim.

''-Je la sens, chuchota-t-il. Une jeune femme, à n'en point douter. Espérons qu'elle sera à mon goût.''

Il se tue un instant, baissant de nouveau ses yeux vers son amie. Le regard sombre et blasé sous ses cheveux roux, Uku avait l'air quelque peu agacée par la fringale du marginal. Marginal qui essayait de ne pas montrer son impatience. Car le désir le gagnait peu à peu, l'éloignant progressivement de toute humanité.

''-Ma chère, dit-il, si je ne suis pas de retour dans cinq minutes, viens voir ce qu'il en est.''

Il s'éloigna et tourna le coin de la ruelle, disparaissant dans un bruissement de tissu noir.

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ça y est. Elle était face à lui. Et ne l’apercevait pas encore. L'air un peu triste, elle contemplait naïvement le ciel qui écrasait Paris. Cette vision dépassait tout les désirs d'un vampire affamé. Jeune, belle, lunaire. Une apparente pureté, qui ne demandait qu'à être tâchée d'un peu de sang. La compassion n'effleura pas un seul instant Valéry. Il savait s'y prendre, et le lendemain, la désirable adolescente n'aurait que le souvenir d'un sensuel chair-à-chair, qui la laisserait rêveuse et frissonnante. Et cette perspective de laisser une jeune fille, qui n'avait peut-être même pas encore connu l'amour physique, aussi émue, était encore plus excitante que la perspective d'être repu pour Valéry. La morsure était un art qu'il maîtrisait à la perfection. Voilà pourquoi oeuvrer sur des animaux était bien moins intéressant.

En un instant, il se décida, et bondit sur sa proie. Sa chevelure argentée s'approchait de plus en plus de son visage. Cette chevelure était d'ailleurs bien surprenante. Mais, alors que ses canines n'étaient qu'à quelques centimètres de la chaire pâle du cou de l'inconnue, cette dernière se retourna, et offrit un regard plein d'effroi et de surprise à Valéry.

Il remarqua immédiatement quelque chose chez la jeune femme. Non, dans cette pénombre, il ne distinguait pas l'opale qui ornait son front, ni la forme étonnante de ses oreilles. Mais il saisit tout de même un air, quelque chose de différent, de plus... lucide, que chez les autres. Il comprit alors que la lumière qui semblait émaner de ses cheveux n'était certainement pas un hasard, causé par l’alignement des étoiles, ou n'importe quelle autre coïncidence métaphysique.

Il s'agissait d'une marginale.

Et Valéry ne mordait pas les marginales.

Du moins, pas avant de les connaître un peu plus en profondeur...

(Allez XD!)

Ukugan souffla. La ''jeunesse'' de Valéry le poussait à avoir des désirs si bestiaux et dénaturés. Il verra plus tard, quand la monotonie le gagnera. C'est un des points sur lequel elle l'enviait ; l'envie de vivre. Quel âge avait elle déjà ? 1500 ? 2000 ? Elle ne s'en souvenait plus, elle ne voulait pas s'en souvenir. Après tout pourquoi s'en soucier ? Cela faisait trop longtemps que le phénix n'avait pas eu un frisson de plaisir ou d'excitation ; ses journées étaient devenues maussades, ses repas étaient fades : finalement la chose la plus excitante qui pourrait lui arriver était de mourir.
Oui pourquoi ne pas mourir ? Ça lui ferait passer quelques jours d'ennuis pour se régénérer et elle reviendrait, comme neuve. Valéry s'inquiéterait peut-être un peu, ça serait la première fois qu'il devrait subir sa torpeur, mais bon ça l'occuperait.

Ainsi, alors que le vampire s'échappait dans l'ombre qui lézardait des murs, la rousse commença à marcher de manière théâtral pied nu sur les dalles. De loin, on aurait dit soit une enfant soit une femme saoule. Peut être était elle un peu des deux. Sa marche était accompagné de sa voix chaude et grave qui chantonnait. Elle suivait le trajet de son ami par dépit en profitant de Paris la nuit, qu'elle aimait tant.
Finalement quand Valéry tourna vers une rue, elle se tapit dans un coin. Elle avait vu l'ombre de la victime du vampire. Ukugan espionnait discrètement la scène alors qu'il bondissait sur l'innocente. Mais le phénix fut étonnée quand elle vit son ami faire halte dans sa chasse. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?

Célestine sortit de sa torpeur un peu trop brutalement à son gout, elle était tétanisée par la proximité de l’homme qui lui faisait face, non pas l’homme. Elle comprit instantanément qu’il s’agissait d’un marginal, sans doute un vampire car il la regardait comme on regarde un plat appétissant. Elle ne comprenait pourquoi il n’essayait pas de la mordre, peut être avait-il senti le danger ? Elle mit plusieurs secondes à se ressaisir, puis elle dit sans bouger :

« Vous ne devriez pas me mordre »

Elle n’avait pas vraiment peur, elle était sous le coup de la surprise mais elle n’avait pas de raison d’avoir peur. En revanche elle ne voulait pas de mal à son agresseur, certes il aurait voulu faire d’elle son repas, mais elle avait lu que les morsures de vampires n’étaient pas forcements douloureuses. Elle prit le risque de s’éloigner d’un pas, très lentement, en espérant qu’il ne tente pas de la mordre.

"-N'ayez crainte, mademoiselle, je ne mord pas les marginaux."

Valéry se redressa et se tint debout, appuyé contre le mur, à son aise pour contempler sans gêne l'inconnue, alors qu'ils parlaient. Il était un peu vexé qu'elle se soit rendue compte de sa véritable nature. Visiblement, elle était intelligente. Et Valéry n'aimait pas trop les filles intelligentes. Elles faisaient de mauvaises conquêtes.

Et voila qu'il pensait encore à une parfaite inconnue en la considérant déjà comme une future maitresse. Il fallait qu'il arrête. Cette gamine n'avait pas l'air stupide, soit. Peut etre pourrait elle s'avérer intéressante. Et s'il essayait de respecter une autre fille qu'Uku, pour voir ? Ça faisait longtemps...

"-vous êtes d'une perspicacité remarquable, dit Valéry avec un sourire. Malgré ma culture, je suis pour ma part incapable de déterminer votre véritable nature. Vous semblez être une créature.... mm... elfique ? De la plus belle espèce en tous cas."

Voilà. Il allait essayer de se montrer courtois, pour une fois. Il en avait assez que toutes ses nouvelles rencontres finissent après quelques entrevues sulfureuses, ou une ou deux soirées arrosées. Mais courtoisie ne voulait pas dire sans charme. Surtout pas pour Valéry... le vampire verrait bien où tout ça le mènerait.

Il jeta un regard en arrière, cherchant Uku des yeux. Il l'aperçu, ses yeux ardents flamboyant dans l'ombre. Il lui fit signe de les rejoindre.

Ukugan observait la scène dans son petit coin de ruelle sombre. Les acteurs semblaient feindre la surprise jusqu'à un détail l'interpelle. Alors que la lune était à son paroxysme, un éclair vint zébrer le visage de la victime de son ami. Elle y découvrit une pierre aux reflets opalins sur un épiderme finement rosée. Non ça, ce n'était pas une humaine. Peut être que Valéry était en danger ? Si il y avait bien une chose que le phénix n'aimait pas c'était qu'on importune ses amis. Enfin ''ses'', le vampire était le seul.
La rousse commençait à bander sa volonté, ses yeux se mirent à flamboyer dans le noir d'un éclat étincelant et lumineux, son bras gauche se mit à rougir, des plumes commencèrent à ressortir : son membre était devenu une aile. Elle s’apprêtait à défendre son ami quand Valéry lui fit signe. Alors l'inconnue était pacifique ? Elle souffla. Ukugan était vraiment sur les nerfs, ça devait être la faute des soiffards de tout à l'heure. Si ça se trouve le Don Juan voulait encore se faire une nouvelle conquête et elle, fantastique amie qu'elle était, allait la carboniser sur place.
Ukugan sortit alors de l'ombre sans un mot en ramenant son corps à la normal pour finir par ses yeux qui arrêtèrent de briller. Elle arriva au niveau des deux marginaux puis regarda respectivement Valéry puis l'inconnue aux cheveux argentés toujours bloqué dans son mutisme.

Célestine se sentit rougir, quel était cet étrange personnage qui tentait de la mordre, puis se ravisait pour finalement lui faire un compliment ? Et qui était la fille étrange ressemblant a une prostituée ? La jeune fille ne comprenait plus rien ! Elle finit par balbutier :

« Je… merci, mais… je… »

Elle prit une grande inspiration puis recommença a parler, de façon plus fluide cette fois :

« Je m’appelle Célestine, et qui… qui êtes vous ? »

''-Je suis Valéry Clotilde, peintre et poète à mes heures, pour vous servir'', dit le chevaleresque vampire en lui tendant sa main droite.

Célestine était un joli prénom, que cette jeune fille lunaire portait, il devait l'admettre, fort bien.
Uku s'approcha de Valéry et se retrouva à ses côtés. Il y eut un blanc intrigué, Célestine semblait un peu gênée.

''-Mais bien-sûr, les présentations, dit précipitamment Valéry. Célestine, je vous présente Ukugan Héri, une proche amie.''

Il jeta un regard à la rousse, lui souriant fièrement. Elle était peut-être plus douée que lui pour se dégager des situations délicates, mais Valéry était sans aucun doute plus à l'aise et élégant en société. C'était peut-être ces dix années passées en Angleterre auprès des peintres pré-raphaélites qui l'y avaient formé. Il avait hérité des grandes galeries londoniennes l'art de se faire apprécier par les plus riches collectionneurs. On vendait rarement une toile grâce à son unique talent, mais plutôt grâce à l'éloquence avec laquelle on avait brillé au dernier vernissage d'un quelconque artiste en vogue...

''-Elle n'est pas toujours habillée comme ça'', dit-il pour meubler, avec un brin d'humour.

''Celle-ci, pensa-t-il après avoir prononcé cette phrase, elle me vaudra bien une claque quand nous serons tous les deux. Mais tant pis, c'était trop tentant.''

Il est vrai qu'observer les deux marginales, la femme fatale dans sa robe provocante, et la Lolita cachée derrière son apparente candeur, était plutôt amusant. Valéry avait toujours aimé le contraste.

(Pas très long ce message, j'aurai plus développer plus, mais je dois aider ma mamounette à faire les pâtes. OUI ON VA MANGER DES PATES CE MIDI QUESTCETUVASFAIRE ???!!!!!)

« Poète ? Vous avez dit poète ? »

Des étoiles s’étaient allumées dans les yeux de Célestine à l’entente de ce mot. Elle qui adorait la littérature n’avais jamais participée a des salons a cause de son apparence, elle n’avait donc jamais pu rencontrer d’écrivains. Toute sa gêne s’envolât d’un coup :

« Qu’avez-vous écrit ? Votre nom ne me dit rien, vous êtes connu ? Vous avez déjà participé à des salons à paris ? C’était comment ? Vous connaissez d’autres autres auteurs ? Qui ? »

Elle enchainait les questions sans laisser au vampire le temps de lui répondre. Puis elle se dit que debout dans une ruelle n’était peut être pas le meilleur endroit pour discuter alors elle proposât :

« Que diriez-vous de venir discuter chez moi ? Mon père possède un grand hôtel rue Broca, vous pourriez y passer la nuit ? en plus il adore la magie et les marginaux, ca lui ferait plaisir de vous accueillir ! »

Puis elle se tourna vers la rousse à qui elle n’avait prêté aucune attention jusque là :

« Vous êtes aussi une marginale ? Vous êtes quoi ? »

Valéry écouta les nombreuses questions, débordantes d'enthousiasme, de la jeune fille. Il l'observait avec de grands yeux, surpris de tant de joie de vivre. Souvent, les marginaux, conscients du risque qu'impliquait parfois leur vie dans la capitale, préféraient demeurer plus méfiants et austères.

Un sourire naquit sur les lèvres du vampire. L'adolescente semblait réellement intéressée par la carrière de Valéry. Cela l'amusait. Cette dernière, bien que riche, constructive et épanouissante, souffrait parfois d'un manque de reconnaissance, et de la pauvreté...

C'est pourquoi Valéry se montra beaucoup plus intéressé  quand Célestine lui parla de l'hôtel de son père. Si le vampire aimait beaucoup le métro parisien, il en avait un peu assez d'y passer toutes ses nuits depuis des mois maintenant. Ses maigres bagage, qui contenait quelques feuilles, fusains, sanguines et un ou deux tubes de gouache  se trouvaient d'ailleurs cachés dans la station Les Gobelins. Ou Censier-Daubenton, il ne s'en souvenait plus.

Mais l'artiste n'était pas un opportuniste, et Valéry se sentait très gêné à l'idée d'accepter l'invitation, bien que la tentation fut très forte. Il jeta un regard à Ukugan. Il savait que cette dernière, à sa place, refuserait immédiatement la proposition. Il n'était même pas sur qu'elle accepte de révéler sa véritable nature à Célestine. Pouvait-on réellement faite confiance à cette étrange jeune fille ?

"-Ho, vous êtes bien aimable, dit Valéry, courtois. J'accepterai avec plaisir votre invitation, si je ne craignais pas de vous paraitre quelque peu imploli et invasif."

Un silence naquit, il poursuivit:

"-mon amie Uku est d'une bien étrange espèce, mais je suis sure qu'elle n'est pas plus surprenante que la votre... quelle est-elle, d'ailleurs ?"

Ukugan voyait la jolie inconnue dépitée autant d’ânerie niaise à la seconde. Qu'elle avait l'air crédule ! Mon monde est fait de guimauve rose, je suis une princesse et tout le monde est gentil ! Pff... Ridicule... Et le pauvre Valéry qui était inondé de question sur sa plume. Elle en éclaterait presque de rire. Le phénix aurait voulu utiliser son sarcasme légendaire pour sortir qu'elle avait déjà touché la glotte de Shakespeare. Avec la langue. Idem avec Louis XIV. Ça l'aurait fait bien rire. Juste elle. Tout seule. Qu'elle aurait l'air crédule !
En tout cas la rousse le vit, ce sourire, naître à même les babines du marginal. Elle imaginait tellement l'ivresse des compliments remontés en lui, créant ainsi ce rictus béa. Elle n'était pas médisante loin de là ! Elle même n'était pas insensible aux éloges et, malgré résistance psychique, laissait parfois sortir une esquisse de plaisir.
Enfin ici ce n'était pas ce qui la gênait avec son ami. Ukugan était plus préoccupé par ce que Valéry puisse dire à la jeune inconnue. Déjà la remarque sur ses habits il allait le regretter mais elle aurait préféré que la marginale la prenne pour une catin humaine, elle aurait été tranquille sur ce point. Ainsi quand il insinua qu'elle n'était pas humaine, la femme lui lança un regard noire. Non elle n'avait pas envie que ça se sache. En des siècles d'existence elle avait appris à préférer garder sa nature secrète. Même avec les marginaux. Qui sait ? Peut être est elle à la solde d'un groupe de fanatique humain qui demandent juste à se rincer l’œil sur le surnaturel. Ou encore plus dangereux, du Bureau des Chasseurs de Légendes.
Ainsi elle tint à clarifier la situation.

<<Oui je suis une marginale. C'est vrai. Mais peut être n’aie je pas envie de divulguer une telle information à une parfaite inconnue rencontrée un soir de beuverie. Aussi étrange puis je l'être. N'est ce pas?>>

Ukugan fixa son compère avant de se retourner vers Célestine or tout en continuant une sorte de discours pour le vampire, qu'on sentait influencé par l'alcool.

<<Pour ta gouverne mon cher Valéry, une fois, j'ai rencontré une licorne. C'était drôle car c'est la première chose auquel j'ai pensé quand je l'ai vu, cette jeune fille là. (c'est faux) Comme si cette demoiselle était un croisement zoophile entre cet animal et un humain. C'est drôle non ? Enfin le plus drôle étant que quand je l'ai rencontrée, cette licorne, elle rendait son corps à la terre après qu'un groupe d'homme l'ait canardé.>>

Elle pencha un peu la tête en levant les yeux au ciel.

<<C'est sûr que ce serait plus intéressant d'en rencontrer une vivante.>>

Le phénix finit sa tirade en sortant sa flasque, qui dégageait une odeur extrêmement forte, et but une gorgée du contenant. Oui ce soir Ukugan avait envie d'être aussi médisante. Car l'alcool la saoulait, car l'ennui la saoulait, car Valéry le saoulait. Et, pas de chance, la souffre douleur ce soir était la jeune et innocente marginal.

Célestine ne s’attendait pas ase faire rabrouée si violement par la marginale, mais elle ne se laissa pas décontenancée. Elle troqua immédiatement son air naïf pour une expression froide et dure. D’ou la femme accompagnant le vampire qui avait prévu de boire son sang se permettait une remarque sur le danger potentiel qu’elle représentait ?  Elle parla avec les yeux rivés dans ceux d’Ukugan :

« Vous le devez sans doute a l’alcool qui vous imprègne mais vous avez vu juste, je suis bien une demi-licorne. Mais ne vous attendez pas a ce que je pleure la créature que vous avez vu mourir, je ne suis pas si naïve. »

On pouvait sentir dans sa voix le profond dégout qu’elle éprouvait envers celle qu’elle considérait comme une dépravée. D’ailleur elle s’étonnait de ressentir une telle aversion envers une personne qu’elle connaissait si peu, peut être était-ce due a sa nature qui rejetait l’ ‘‘Impureté’’ de son interlocutrice, ou bien, plus probablement, elle était jalouse de cette belle femme qui semblait si proche du séduisant vampire ?

« Quand a votre envie de voir une licorne vivante, je vous souhaite que cela n’arrive jamais. Car au vue de vitre accoutrement je devine que les plaisirs de la chaire ne vous sont pas inconnus, et de ce fait je doute que vous puissiez survivre a un tel face a face. »

Sur ce, la jeune fille reprit son aire candide et souriant et tout en s’éloignant d’un pas léger elle lança a l’attention du vampire :

« Suivez-moi ! L’hôtel n’est pas loin, vous pouvez même emmener votre catin si vous le désirez. »

Ukugan eut un petit rire. Elle avait du répondant la jeune marginale, ça lui plaisait. Les insultes pfff ! Qu'est ce qu'elle en avait à faire ? Pour elle, les disputes étaient plutôt un moyen de passer le temps. Après tout quoi de mieux que de se balancer des insanités à la tête et voir qui se vexerait en premier ? En tout cas à ce petit jeu, ce soir, le phénix avait gagné. Elle fit tourner les chaussures à talon tel un moulinet en regardant la demi-licorne avec des yeux amplis de malice et d'effronterie.

« L'alcool fait bien les choses alors n'est ce pas ? Moi je trouvais ça assez drôle ; je n'aurai jamais imaginé que vous confondriez l'hilarité avec la pitié. Oui, c'en est drôle. »

La rousse s'exclama encore une fois. C'était vraiment incroyable de voir comment l'alcool la rendait plus sociable. Elle fit quelques pas vers son interlocutrice pour finalement passer à coté d'elle.

« Vous savez, s'habiller en bonne sœur n'aide pas vraiment à... hum... disons travailler ? »

Elle finit par se retourner pour se trouver face à Célestine.

« Mais apprenez, jeune fille, que l'apparence ne fait pas le moine : je suis vierge. »

Bien sûr que c'était faux. Qu'est ce que vous croyez ? Qu'en des siècles de vie Ukugan Héri n'avait jamais goûté au plaisir de la douce chair ? Enfin, ses amours étaient le plus souvent éphémères, fanant dés les premiers instants, mort né. Elle profitait du plaisir charnel d'une nuit avant de disparaître entièrement de sa vie. Il fallait aussi dire que ces relations étaient aussi rare. A quand remontait la dernière ? 30 ans ? Elle ne savait plus, elle n'avait pas envie de savoir. En tout cas c'était drôle de dire ça, ça l'occupait. Le mensonge était un art qu'elle maîtrisait avec brio. Il n'empêche qu'elle sourit et qu'elle avança dans la ruelle vers la direction où s'engagea avant Célestine. Puis elle se mit à fredonner doucement.

Valéry écoutait les deux jeunes femmes distraitement, heureux de voir qu'Uku s'amusait bien avec la plus jeune. Qui semblait d'ailleurs savoir se défendre, et ne pas se laisser blesser par les piques, un peu amères, tout de même, de la rousse. Il se sentait cependant un peu impuissant, comme toujours quand Uku devenait agressive. Il ne voulait en aucun cas la froisser, mais il désirait également mettre l'inconnue de son coté. Ne se faire que des ennemis à force de vouloir rester absolumebt impénétrable l'agacait. Même vis à vis de lui, Uku avait trop de secrets, et cela énervait toujours Valéry au plus au point.

Cependant, en entendant son ultime mensonge, bien peu credible, il ne put réprimer un rire. Il l'étouffant cependant, afin de ne pas subir de représailles.
"-eh bien, hésita Valéry. Si vous avez fini de débattre toutes les deux, je crois que... enfin, il me semble que je ne dispose d'aucunes excuses pour accepter votre invitation, mademoiselle. C'est un réel honneur de faire la connaissance d'une femme-licorne, et il me tarde de découvrir toutes les subtilités que vous accorde ce statut."

En cet instant, le vampire ignorait qu'il regretterait un jour amerement ces mots.

Ses maigres bagages l'attendaient sagement dans le métro. Il n'en aurait guère besoin, pour une nuit. Cependant, pour remercier Célestine de son invitation, il lui proposerait certainement de faire d'elle un modeste portrait à l'huile. Le narcissisme de l'adolescente serait comblé, et le peintre repartirait de cette aventure avec quelques esquisses préparatoires, souvenir de cette rencontre.

Une légère tristesse passa sur le visage de Célestine quand elle entendit les derniers mots du vampire mais son enthousiasme réapparu immédiatement si bien que personne ne le remarqua. Elle conduisit les deux marginaux vers l’hôtel. Sur le chemin elle réfléchissait aux dernières paroles de l’étrange femme, ce pouvait-il qu’elle soit vraiment vierge ? Elle semblait sincère en le disant mais la demi-licorne se savait crédule et cela lui paraissait vraiment improbable. Elle cessa d’y penser en arrivant dans la rue Broca :

« C’est ici ! »

Dit-elle en montrant l’immense bâtiment

Valéry détailla la façade d'un air circonspect. Cette architecture soignée et élégante semblait cacher une certaine déchéance. S'il avait été mortel, il ne se serait pas aventuré à entraîner sa meilleure amie derrière une inconnue, dans un lieu si étonnant.

Il sourit. Il y avait bien longtemps que le vampire avait cessé de réfléchir comme un mortel.

''-Je vous suis'', dit-il d'un ton léger à leur hôte.

Et ils s'engagèrent, derrière l'adolescente aux cheveux platines, dans un couloirs sombres, au bout du quel on distinguait une lumière chaleureuse...

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